
Vifs, intelligents, proches de l’humain et toujours partants pour l’action : les chiens de berger ont tout pour séduire. Mais derrière leur regard attentif et leur énergie débordante, se cache un profil très spécifique, hérité de générations de sélection pour le travail au troupeau.
Que vous partagiez déjà votre quotidien avec un chien de berger ou que vous envisagiez d’en adopter un, il est essentiel de bien comprendre ce qui les anime, ce dont ils ont besoin, et comment répondre à leur nature profonde. Car un chien de berger épanoui, c’est un partenaire de vie exceptionnel… mais mal compris, il peut vite se sentir débordé ou développer des comportements gênants.
Dans cet article, on plonge ensemble dans l’univers de ces chiens pleins de ressources : patrons moteurs, types de chiens de berger, traits communs, besoins physiques et mentaux, environnement idéal… Un bon point de départ pour construire une relation équilibrée et complice avec votre poilu.
Les différents types de chiens de berger
Il existe trois types de chiens de berger :
• les chiens de conduite de troupeaux : spécialistes du travail dynamique, orientés vers la poursuite et la direction des animaux, proche de l’homme.
Exemple : Border Collie, Berger Australien, Berger des Shetland,…
• les chiens de garde de troupeaux : utilisés principalement pour la protection des troupeaux, ils sont plus indépendants et calmes.
Exemple : Berger d’Anatolie, Patous, Mastiff espagnol, Kangal, Berger de Maremme…
• les chiens de berger polyvalents : utilisés initialement pour la direction de troupeaux, rendus polyvalents par l’Homme pour la garde et la conduite
Exemple : Berger Allemand, Berger Belge


Patrons-moteurs et problématiques fréquentes
Tous les chiens sont des prédateurs, mais ne se prédatent pas tous de la même façon. L’Homme a sélectionné pendant des centaines et des centaines d’années certains traits chez les chiens afin de les faire réapparaître de génération en génération. C’est ce qui explique pourquoi il existe des différences entre chiens de chasse, chiens de berger… outre leur différence physique, leur principale différence réside dans ce qu’on appelle leurs patrons-moteurs.
Dans son livre Tout sur la psychologie canine, le Docteur Vétérinaire Comportementaliste Joël Dehasse explique que « La chasse est une séquence de patrons-moteurs. Un patron-moteur est un comportement génétiquement prédéterminé, inné, qui n’a pas besoin d’être appris pour s’exprimer, mais qui a besoin d’apprentissage pour se perfectionner et qui est autorenforcé. Dans le comportement de prédation, on a plusieurs patrons-moteurs qui sont : l’orientation, la fixation visuelle, la traque, la poursuite, la capture, la mise à mort, le rapport, la dissection ». Cet ensemble de patrons-moteurs forment ce qu’on appelle la séquence de prédation.



La différence entre les chiens de conduite et les chiens de garde de troupeau réside donc dans les patrons-moteurs qui guident leur comportement. Un chien de conduite va généralement avoir la séquence de prédation suivante : « fixation visuelle → traque → poursuite → capture« , mais n’ira probablement pas à la mise à mort. Un chien de protection, lui, n’ira pas forcément jusqu’à la capture, son but étant généralement d’éloigner et non pas d’attraper. Attention, si son langage corporel n’est pas respecté, n’importe quel chien peut aller jusqu’à la morsure.
Ainsi, même chez les lignées de beauté / de compagnie, un chien de berger gardera sa génétique et donc ses patrons-moteurs, qui s’exprimeront plus ou moins intensément d’un chien à l’autre et qui ne sont ni atténuables, ni supprimables. Ils sont également « auto-renforçants », c’est-à-dire que le chien prend un plaisir très intense à le faire, sans aucune intervention nécessaire de votre part pour renforcer ce comportement.
Ils se retrouvent donc avec un monde qui n’est initialement pas le leur, et expriment ces patrons-moteurs sur des éléments de la vie quotidienne qui sont banales pour nous, mais intenses pour eux.
C’est pourquoi, si vous avez un chien de berger, vous avez probablement déjà eu à faire à des poursuites soudaines suite à du mouvement : des vélos, des coureurs, des oiseaux qui s’envolent, des aboiements récurrents à la clôture… ce sont les gènes qui parlent : ils ont été créés pour réagir à ces mouvements.
Traits inhérents aux chiens de berger
Vous l’aurez compris, la sélection faite par l’Homme sur de nombreuses générations fait que l’on retrouve de nombreux traits communs chez eux :
• La facilité d’apprentissage
• La proximité avec son maître
• La méfiance envers les inconnus
• L’hypervigilance
• La protection de l’habitation
• La réactivité au mouvement
• Une sensibilité accrue (excitabilité, impulsivité, peurs, frustration…)
Si on ne peut pas supprimer ces patrons-moteurs et donc ces réactions, il y a certaines choses primordiales que vous pouvez faire pour vous assurer, à vous et votre poilu, un quotidien plus serein.


Quotidien idéal d’un berger
Un berger étant de fait un chien en hypervigilance, il est important de lui offrir un cadre de vie qui respecte ses besoins et lui permet de ne pas être surstimulé. Mais attention, rappelez-vous que, même si les chiens ont des patrons-moteurs similaires, ils sont très différents individuellement (personnalité, âge, état de santé, état psychologique…) et leurs besoins diffèrent donc également : à vous de connaître votre poilu ou de vous faire aider par un comportementaliste pour adapter son quotidien à ses besoins.
• Lui proposer des balades dans de grands espaces calmes pour éviter la surstimulation et donc privilégier des balades de qualité
• Une routine assez stable au quotidien, en mettant l’accent sur la prédictibilité
• La possibilité de repos et de sommeil de qualité (un chien en manque de sommeil étant un chien plus irritable et sensible)
• Une éducation cohérente et non coercitive
• Un cadre de vie avec des règles claires (astuce : lui apprendre un signal qui signifie qu’on commence et termine une session de travail, de jeu, un signal pour lui dire qu’on ne peut pas répondre à sa demande (sortir, jouer…) quand c’est le cas).
• Peu d’heures de solitude quotidiennement
• 4 à 8h d’activité totale quotidiennement, mais qui ne soit pas surstimulante pour lui : balade de qualité, éducation, jeu, mastication, recherche olfactive…
Combler ses besoins ci-dessus vous permettra de minimiser l’expression des patrons-moteurs dans la vie quotidienne de votre poilu, mais une gestion plus centrée de ces comportements peut être nécessaire (je vous conseille fortement le livre Travailler la prédation ensemble de Simone Mueller)



Le mot de la fin 👋
Eh oui, c’est déjà l’heure de nous quitter. Vous avez maintenant plein d’informations concernant votre berger et j’espère avoir pu vous éclairer sur certains de ses comportements.
Si vous rencontrez des problématiques gênantes/dangereuses avec votre chien, n’ayez jamais honte de faire appel à un éducateur canin – comportementaliste sans attendre (mais en le choisissant bien), afin de ne pas laisser certains comportements se renforcer. Plus vous travaillez tôt, plus vous avez de chance de retrouver un quotidien serein rapidement ! Car oui, ces poursuites inattendues, voir certaines agressions peuvent s’atténuer drastiquement. Vous ne pouvez pas changer l’envie initiale de poursuivre, mais vous pouvez lui apprendre à utiliser cette envie de manière sécurisée (et plus sympa pour vous que de se faire brûler les doigts par la longe).
Sources
• Travailler la prédation ensemble, Simone Mueller
• Tout sur la psychologie du chien, Dr Joël Dehasse
• « Highly heritable and functionnaly relevant breed differences in dog behaviour », Evan L. MacLean et al., 2019
• « Owners reports of attention, activity and impulsivity in dogs : a replication study », Lisa Lit et al., 2010
• Webinaire « Les chiens de berger – mode d’emploi » – Evolution Canine
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